A Nîmes, Loumy Bourghol, a renoué avec sa passion pour la couture dans sa boutique de la place aux Herbes
Dans la petite boutique de la place aux Herbes, la couturière apporte la dernière touche à une robe de soirée noire brodée de rouge et de vert. Clac, clac, clac, clac…. L’aiguille pique et repique un fin tissu dans un va et vient incessant. Etape suivante, le repassage avec un fer sophistiqué à semelle puis rangement sur un cintre dans une remise ou sont alignés costumes, robes, pantalons et costumes de scène. Des habits amenés par leur propriétaires, pour des retouches, des ourlets ou des reprises au niveau des épaules. « J’ai toujours eu une passion pour la couture », explique Loumy Bourghol le regard fixé sur l’aiguille de la machine qui poursuit son va et vient.
Tout à commencer, pour cette jeune quinqua d’origine roumaine, avec une machine à coudre à pédale en bois rose offerte par son grand-père à sa naissance. Avec cette première machine, elle habille ses poupées et réalise sa première robe. Etudiante dans le Bucarest des années Ceaucescu, elle se lance dans des études de stylisme. Pour payer ses études et pour vivre, elle confectionne pour des jeunes joueurs de foot des bonnets aux logos de leur club. Son diplôme de styliste en poche, elle survit en taillant des blazers dans des draps pour une entreprise de confection.
En Roumanie, Loumy obtient une place de secrétaire de direction dans une société libanaise d’export international. « Le fait de parler anglais m’a permis de négocier des contrats avec l’Allemagne et la Grèce », se souvient-elle. Dans cette entreprise, elle rencontre son mari, un médecin franco libanais venu soigner son patron. Le couple part ensuite au Liban. Dans ce pays sous occupation syrienne, elle renoue avec sa passion de la coutière quand son beau-père lui offre une machine à coudre.
Arrivée en France, Loumy s’occupe d’abord de sa famille. Ensuite, lui vient l’idée de créer son entreprise. « Quand je me suis lancée dans cette activité de couturière, je m’étais donnée un an, en me disant si ça ne marche pas au bout de ce délai tu arrêtes ».
Sa décision prise, il ne lui restait plus qu’à trouver un local. « Cet emplacement de la place aux Herbes était disponible. Je suis allé voir le propriétaire et je lui ai dit : ce n’est pas avec mes ourlets à dix euros que je vais pouvoir vous payer le loyer. Il m’a fait confiance et m’a encouragé en me disant : je sais que tu es une bosseuse et tu vas y arriver ».
Fort de ces encouragements et de cette confiance, elle se lance. En 2012, elle ouvre sa boutique qu’elle baptise Loumy l’Aiguille d’or. « J’ai commencé petitement avec un statut d’autoentrepreneur. Je me suis accrochée. Je bossais douze heures par jour. Il m’est arrivé de ne pas prendre un jour de congé ».
Aujourd’hui, elle a changé les statuts de sa société. Les clients de la couturière de l’Aiguille d’or, viennent de partout : Marseille, Paris, Montpellier. Styliste de talent, elle crée des modèles pour hommes et pour femmes. Un ancien matador reconverti dans la broderie des costumes de torero vient souvent dans le magasin. « Parfois, il est coincé pour monter une manche… je lui donne des conseils, on échange nos astuces, et on fait du troc de nos savoir-faire ». Des boutiques haut de gamme font appel à ses services. Ce monsieur de 70 ans ne jure que par La couturière de la Place aux Herbes. Quand il achète un pantalon dans une boutique, il vient tout le temps le faire retoucher chez Loumy. Une couturière aux doigts d’or !
Pratique
Loumy-L’Aiguille d’or
9-11 place aux Herbes, Nîmes
Tel. 06 14 67 26 22